Reconvertir
Usine, Privas (Ardèche)
> Descriptif opération
>>> DESCRIPTIF DE L’OPÉRATION
Ce bâtiment présente un intérêt fonctionnel, typologique et urbain. Entre gros atelier et petite usine (800 m2 dont deux plateaux de 300 m2 chacun), il est une taille propice à la programmation d’un nouvel usage tertiaire et à l’installation de services accueillant du public. Il se rattache aux innombrables locaux d’activités que la désindustrialisation a laissés vacants sur les contreforts est et sud du Massif central. Son implantation en centre-ville, son intégration au tissu du centre ancien et son impact visuel au sein du flanc sud de la ville haute en font l’un des symboles de la rénovation urbaine. De plus, il représente l’opportunité de faciliter la relation entre le centre historique et les extensions réunies au sein de la ville basse, et d’accroître l’espace public.
Caractéristiques de l’existant
Édifiée dans l’entre-deux-guerres, l’usine Luquet a été posée directement sur une ancienne terrasse. Son assise se trouve à cinq mètres au-dessus d’un parking et sa toiture terrasse en continuité avec la place centrale de Privas.
Elle est constituée d’un bâtiment de deux niveaux, compact et en forme de T, d’une dizaine de mètres de hauteur. Sa façade principale, orientée au sud, est d’apparence ordinaire caractérisée par la régularité des ouvertures, toutes dimensionnées à 2,7 mètres de hauteur et 1,70 mètres de largeur. L’usine offre deux plateaux de 300 m2 chacun correspondant aux anciens ateliers, et un retour d’une superficie totale de 200 m2 où s’imbriquent des appentis, des caves, des débarras, des dégagements, de petits ateliers ou bureaux et le logement du gardien. Elle a été construite en béton mais sa toiture et son plancher intermédiaire sont supportés par des poutres métalliques à croisillons. Le bâtiment ne présente pas de désordre particulier.
Procédure
Le projet de reconversion résulte du diagnostic urbain et architectural réalisé par le CAUE de l’Ardèche en 2002 et constitue l’une des actions de revitalisation du centre-ville. La ville qui était propriétaire de l’usine depuis 1993, confie l’opération à la Sempar qui dispose d’un bail emphytéotique. Celle-ci organise une consultation d’architectes qui désigne l’agence Fabre-Doinel, mandataire.
Le programme consiste à aménager le toit terrasse en esplanade publique, à mettre le bâtiment en conformité avec les normes techniques, à livrer deux plateaux de bureaux – l’un aménagé, l’autre brut de béton – à créer un ascenseur urbain doublé d’un escalier, et à renforcer le talus d’assise de la construction.
Le montage financier distingue quatre interventions :
- la rénovation du bâti qui fait l’objet d’une demande de subvention auprès du fonds européen de développement économique et régional (FEDER),
- les espaces intérieurs reconvertis qui seront loués,
- l’ascenseur et la liaison urbaine,
- l’installation photovoltaïque dont la production sera revendue.
Les travaux engagés en 2008 s’achèvent onze mois plus tard, l’inauguration officielle intervenant au cours de l’été 2009.
Interventions
La Paierie départementale et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement de l’Ardèche prennent chacun possession de l’un des deux plateaux de bureaux. Un ascenseur et un escalier à ciel ouvert permettent aux habitants de la ville basse de gagner aisément les services et commerces du centre-ville. Orientée au sud, cette structure métallique rapportée supporte un mur de panneaux solaires photovoltaïques. Sur le toit, à niveau du carrefour principal de la ville, une place de belle ampleur est créée, ménageant l’ample brèche urbaine escomptée sur le paysage tout en apportant une note végétale singulière.
La reconversion ne modifie pas l’identité du bâtiment parfaitement intégré à la matière urbaine du centre-ville, seules les ouvertures étant reprises, les menuiseries remplacées. En revanche, la cage de l’ascenseur, le mur de panneaux photovoltaïques, le dispositif de claires-voies protégeant l’escalier public extérieur font évoluer son image au sein de la façade urbaine sud de la ville.
Le toit terrasse est déposé pour être remplacé par un système de dalles alvéolaires transversales formant le socle de la nouvelle esplanade, le plancher intermédiaire est retraité. Les ateliers sont transformés en espace tertiaire, les espaces annexes retraités ou reconstruits pour apporter au niveau bas un espace non affecté et au niveau intermédiaire, une salle d’exposition, une salle de réunion et des espaces de convivialité.
Le niveau bas, loué à la Pairie départementale, est livré achevé, le niveau intermédiaire est aménagé en relation avec les équipes de son locataire, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement qui adopteront une esthétique de loft industriel. À cet étage, la hauteur généreuse sous plafond de plus de quatre mètres est largement conservée pour mettre en valeur la structure industrielle initiale.
Une attention particulière est mise sur le traitement végétal de l’esplanade mais aussi sur la façade sud prévue pour être végétalisée par un système de plantes grimpantes venant l’ombrer. La climatisation naturelle des bureaux a fait l’objet d’une étude poussée, une ventilation nord sud pouvant être créée, des brise-soleil en métal déployé étant installés pour prévenir les ensoleillements excessifs en demi-saisons.
Devant être fondée au droit de l’ancienne terrasse servant d’assise à l’usine Luquet, la cage de béton de l’ascenseur urbain est établie en avant de la façade, contrainte utilisée pour interposer l’escalier métallique qui le double.
Si l’ascenseur joue parfaitement son rôle de raccourci entre la ville basse et la ville haute, on peut regretter que les décideurs n’aient pas parié sur le spectacle paysagé en optant pour une cabine intégralement vitrée. De même l’idée d’offrir à la ville une esplanade et une fenêtre urbaine sur le paysage naturel ne peut se concrétiser au quotidien que si un entretien approprié des végétaux et un nettoyage régulier sont effectués. Faute de quoi, un ascenseur propice à la claustrophobie et aux pannes récurrentes associé à un espace public négligé condamnerait à terme l’intention initiale.
- Architectes : Non identifié (1930) et Fabre et Doinel (2009)
- Maîtres d’ouvrage : Entreprise Luquet (1930) et Ville de Privas (2009)